Et si l’Histoire avait pris le relais des mythes ? Jocelyne Huguet-Manoukian
- 21 Juin 2006
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Jocelyne HUGUET-MANOUKIAN discute les propos de Michel de CERTEAU pour qui l’Histoire relèverait du mythe, que la modernité croit avoir écarté. Le récit mythique se présente comme structuré par une apparente cohérence (un début et une fin), un sens global transcendant le temps et l’espace ; mais sa structure n’a rien de linéaire : le récit est discontinu, fait de répétitions, morcelé en paquets d’éléments. Pour LEVI STRAUSS, comme pour FREUD et LACAN, ce qui est signifiant c’est l’arrière-plan du mythe : les trous, les silences (de la pulsion), les « restes », l’inconscient, ce qui n’est pas dit, ce qui est refoulé ou répété par un sujet dont le rapport à sa situation singulière est impossible à dire. L’histoire comme science ne se présente pas autrement : une apparence de sens global, de suite événementielle logique ; or, elle est faite aussi de trous, d’oublis, de pratiques non dites, de justifications cachées, se présente par paquets évènementiels (accidents, catastrophes), livrés en temps réel dans une succession de temps immédiats sans avenir et envahissant le visuel de l’homme moderne (P. Virillo). C’est pour échapper à cette pression étouffante que ce dernier inventerait sans cesse du mythe ; la science (dont l’Histoire) en est une composante majeure.
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